Voici donc la sélection de romans contemporains que nous avons choisis de mettre à l'honneur pour cette nouvelle saison des ActuaLiseurs. Et à en croire l'engouement qu'ils ont suscité quand on les a présentés aux deux séances d'ouverture, on a eu raison... souhaitons que leur lecture confirme les premières impressions, les envies qu'ils ont réveillées !
Voici la liste dans l'ordre alphabétique (avec année de 1ère parution), puis vous trouverez un petit résumé concernant chaque livre, si vous avez envie de vous "faire une idée", et des petites vidéos, parfois, qui vous feront rencontrer les auteurs.
Bonnes fêtes et... bonnes lectures variées !
Isabelle Saïdou et Béatrice Huaulmé
Romans :
Chalandon
Sorj, Profession du père (éd Livre de poche, 2015)
De Vigan
Delphine, D’après une histoire vraie (éd Grasset, 2015)
De
Kerangal Maylis, Réparer les
vivants (éd Folio Gallimard, 2014)
Desarthe
Agnès, Une partie de chasse ( éd Points Seuil, 2012)
Faye
Gael, Petit pays (éd Grasset, 2016)
Foenkinos
David, Charlotte (éd Folio Gallimard, 2014)
Garde
François, L’effroi (éd Gallimard, 2016)
Goby
Valentine, Un paquebot dans les arbres (éd Actes Sud)
Ovaldé
Véronique, Soyez imprudents les enfants ( éd Flammarion, 2016)
Malte
Marcus, Fannie et Freddie (éd Zulma, 2014)
Message
Vincent, Défaite des maitres et possesseurs (éd Seuil, 2016)
Postel Alexandre, L'Ascendant (éd Folio Gallimard, 2015)
Rufin
Jean-Christophe, Le collier rouge (éd Folio Gallimard, 2014)
Nouvelles :
Pagano
Emmanuelle, Un renard à mains nues (éd P.O.L., 2012)
Bandes
dessinées :
Mathieu, Marc
Antoine, L'origine (éd Delcourt, 1991)
Dupont
Jean Michel, Love in vain (éd Glénat, 2016)
CATÉGORIE ROMANS "PETITE TAILLE", FACILES À LIRE
Dans une petite ville du Berry,
écrasée par la chaleur de l'été, en
1919, un héros de la guerre est
retenu prisonnier au fond d'une
caserne déserte. Devant la porte,
son chien tout cabossé aboie jour
et nuit. Non loin de là, dans la
campagne, une jeune femme usée
par le travail de la terre, trop
instruite cependant pour être une
simple paysanne, attend et
espère. Le juge qui arrive pour
démêler cette affaire est un
aristocrate dont la guerre a fait
vaciller les principes. Trois
personnages et, au milieu d'eux,
un chien, qui détient la clef du
drame...
Ce roman retrace la vie de
Charlotte Salomon, artiste peintre
morte à vingt-six ans alors qu'elle
était enceinte. Après une enfance
à Berlin marquée par une tragédie
familiale, Charlotte est exclue
progressivement par les nazis de
toutes les sphères de la société
allemande. Elle vit une passion
amoureuse fondatrice, avant de
devoir tout quitter pour se
réfugier en France.
Portrait saisissant d'une femme
exceptionnelle, évocation d'un
destin tragique, Charlotte est aussi
le récit d'une quête. Celle d'un
écrivain hanté par une artiste, et
qui part à sa recherche.
L'écriture est simple, épurée, dense : elle ravira tous ceux qui n'apprécient pas trop les longues description.
Le narrateur, à la demande d'une psychiatre, raconte les événements qui, en l'espace de cinq jours, ont dévasté sa vie. Tout commence lorsque ce vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d'organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la petite ville où vivait le défunt et s'installe dans la maison paternelle. Il fait alors une découverte terrifiante qui le plonge, au fil d'un enchaînement insidieux de faux pas, dans une situation cauchemardesque. On retrouve ici ce qui faisait la force du premier roman d'Alexandre Postel : une narration implacable et ironique, qui donne au récit la forme d'une tragédie. Le sentiment de culpabilité, au centre du texte, génère une atmosphère trouble et inquiétante : jusqu'à la dernière ligne, le lecteur hésite entre l'empathie, la révolte et l'effroi.
Desarthe Agnès, Une partie de chasse ( éd Points Seuil, 2012)
Ils sont quatre.
Quatre chasseurs qui avancent
dans les vapeurs de l'aube, avec
leurs fusils et leurs chiens. Tristan
est le plus jeune. Que fait-il là, en
compagnie de ces hommes dont il
se sent si différent ? Est-ce pour se
soumettre à une épreuve
initiatique ? Ou pour régler une
question d'honneur qui l'oppose à
l'un d'entre eux ?
Un accident survient, il faut aller
chercher du secours, les éléments
s'en mêlent, une tempête se lève.
Le déluge emporte tout sur son
passage, répondant peut-être à ce
désir qu'a Tristan de faire table
rase d'un passé encombrant.
New York. L’énorme escroquerie
des subprimes a conduit à la ruine
des millions de ménages modestes
endettés à mort, comme les parents
de Fannie, vieux couple d’ouvriers
rêvant d’accéder à la propriété.
Fannie, surnommée Minerve par
ses collègues de bureau parce que
son buste tout entier pivote quand
on l’interpelle. Fannie, dont
personne ne se doute que sa raideur
masque une effrayante coquetterie
pour dissimuler un œil de verre.
Cachant l’âme d’un cyclope
solitaire, cette Minerve borgne n’en
est pas moins femme.
Marcus Malte est l'auteur du roman très remarqué Le Garçon, publié cette année.
CATÉGORIE ROMANS "TAILLE NORMALE"
Burundi, 1993. Alors que les élections présidentielles apportent l'espoir d'une démocratie, ce petit pays tombe sous le poids de la haine, de la mort et des massacres. Gaby est le jeune fils d'un expatrié français et d'une élégante rwandaise exilée. Il coule des jours heureux au coeur de son impasse, entouré de ses amis. Il va chercher longtemps à se cacher la réalité, il ne veut pas choisir son camp, mais il devra comme tout le monde faire le deuil de sa vie d'avant, tirer un trait sur son enfance et perdre son innocence...

Un soir, lors d’un concert en direct
à la télévision, Louis Craon entre
en scène et avant de lancer le
départ, il assène un "heil Hitler"
accompagné d'un salut nazi. Que
se passe-t-il ? Est-ce réel ? Une
minute passe, personne ne
comprend, personne ne bouge,
Sébastien est le premier à se
lever. Il tourne le dos à son
supérieur, l'alto la tête en bas,
voilà le geste de son désaccord.
Ce geste va bouleverser sa vie. C'est ce bouleversement qui est au coeur de ce roman qui se dévore littéralement, éclairant très lucidement la dépendance de chacun aux mondes très lisses et froids des médias.
L'auteur nous raconte l'enfance
d'Emile, enfant unique né au
lendemain de la seconde guerre
mondiale. Emile a la chance
d'avoir un papa champion du
monde de judo, prêtre, agent
secret, ami intime de De Gaulle...
Alors évidemment, on ne s'ennuie
pas avec un papa pareil : après
l'entraînement militaire, il faut
déposer des lettres anonymes,
faire des planques...Difficile d'être
à la hauteur aussi de ce papa
exigeant, d'où la pluie de coups
qui ne cessent de s'abattre sur
Emile. Difficile aussi de croire aux
incroyables histoires de ce père
qui ne quitte pas l'appartement et
qui terrifie la mère, victime
consentante, bourreau auxiliaire.

Inspiré d'une histoire vraie, ce roman est magnifiquement porté par une écriture propre à Valentine Goby : faite de phrases qui claquent, d'images fortes et qui montre le corps dans toute sa douceur et sa force, sans impudeur ni mièvrerie. A recommander à tous ceux qui sont curieux des relations entre un père et sa fille - complexes et simples en même temps.
"Ce livre est le récit de ma
rencontre avec L. L. est le
cauchemar de tout écrivain. Ou
plutôt le genre de personne qu'un
écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de
thriller psychologique, Delphine
de Vigan s'aventure en équilibriste
sur la ligne de crête qui sépare le
réel de la fiction. Ce livre est aussi
une plongée au cœur d'une
époque fascinée par le Vrai.
Message Vincent, Défaite des maitres et possesseurs (éd Seuil, 2016)
Iris n'a pas de papiers. Hospitalisée
après un accident de voiture, elle
attend pour être opérée que son
compagnon, Malo Claeys, trouve
un moyen de régulariser sa
situation. Mais comment s'y
prendre alors que la relation qu'ils
entretiennent est interdite ? C'est
notre monde, à quelques détails
près. Et celui-ci, notamment : nous
n'y sommes plus les maîtres et
possesseurs de la nature. Il y a de
nouveaux venus, qui nous ont
privés de notre domination sur le
vivant et nous font connaître un sort
analogue à celui que nous
réservions jusque là aux animaux.
Les personnages de ces nouvelles
ne se trouvent pas au milieu du
récit, ils restent dans les marges, ils
se tiennent au bord de leurs vies, de
leur maison, de leur pays, ils
marchent au bord des routes, à côté
de leur mémoire, à la lisière de
l'ordinaire et de la raison, comme il
leur arrive de faire du stop : au cas
où on s'arrêterait pour les prendre.
Je les ai pris dans mon livre.
CATÉGORIE ROMANS AU STYLE PARTICULIER, DÉTERMINANT
De Kerangal Maylis, Réparer les vivants (éd Folio Gallimard, 2014)
Le coeur de Simon migrait dans un
autre endroit du pays, ses reins,
son foie et ses poumons gagnaient
d'autres provinces, ils filaient vers
d'autres corps". "Réparer les
vivants" est le roman d'une
transplantation cardiaque. Telle
une chanson de gestes, il tisse les
présences et les espaces, les voix
et les actes qui vont se relayer en
vingt-quatre heures exactement
Le roman de Maylis de Kerangal est une fresque sur la vie, celle que l’on perd, celle que l’on reçoit. Le lecteur découvre à travers une galerie de portraits des destins croisés, des êtres qui vont se rejoindre autour d’un corps, celui de Simon.
Le roman de Maylis de Kerangal est une fresque sur la vie, celle que l’on perd, celle que l’on reçoit. Le lecteur découvre à travers une galerie de portraits des destins croisés, des êtres qui vont se rejoindre autour d’un corps, celui de Simon.
Ovaldé Véronique, Soyez imprudents les enfants ( éd Flammarion, 2016)
Alors qu'elle a 13 ans, Atanasia
Bartolome a comme une révélation
devant une toile du peintre Roberto
Diaz Uribe. Elle découvre qu'il est
un cousin de son père et souhaite
savoir ce que cherche à lui dire ce
peintre, qui a disparu un jour
comme tous les ancêtres
Bartolome. La jeune fille décide de
partir elle aussi explorer le vaste
monde.
Il s'agit d'un roman d'initiation, où l'on suit la jeune narratrice (qui tantôt dit "je", tantôt dit "elle" : code habituel détourné, qu'on se le dise...) en quête de cet artiste qui l'a ravie (elle remonte le temps à la recherche de tout ce qui pourra le lui faire mieux connaître) et en alternance : on découvre les ancêtres de cet homme (on avance chronologiquement à sa rencontre). Ce feuilletage de temps nous permet de sentir le "volume" qui constitue tous les petits fils qui se nouent entre eux pour tisser une vie.
CATÉGORIE BANDES DESSINÉES : "CASES EN NOIR ET BLANC"

Il s'agit d'un roman d'initiation, où l'on suit la jeune narratrice (qui tantôt dit "je", tantôt dit "elle" : code habituel détourné, qu'on se le dise...) en quête de cet artiste qui l'a ravie (elle remonte le temps à la recherche de tout ce qui pourra le lui faire mieux connaître) et en alternance : on découvre les ancêtres de cet homme (on avance chronologiquement à sa rencontre). Ce feuilletage de temps nous permet de sentir le "volume" qui constitue tous les petits fils qui se nouent entre eux pour tisser une vie.
CATÉGORIE BANDES DESSINÉES : "CASES EN NOIR ET BLANC"
un classique à avoir forcément dans sa bibliothèque, tous les amateurs de BD en conviennent. Voici le premier tome de la série de Julius Corentin Acquafaques, prisonnier des rêves. Tous les numéros (nous en sommes depuis deux ans au 6ème tome) sont fascinants (et lisibles indépendamment les uns des autres). Pour des raisons de budget, nous n'avons pas pris le dernier (Le décalage, numéro 6 : excellent et à ne pas "feuilleter", surtout : pour que la surprise qui arrive en fin de roman ne soit pas éventée !), mais le tout premier... à découvrir avec bonheur !
Dupont Jean Michel, Love in vain (éd Glénat, 2016)
L'histoire vraie de Robert Leroy
Johnson (1911-1938), guitariste
virtuose, mort prématurément à 27
ans. Son talent était tel qu'on le
soupçonnait d'avoir vendu son âme
au diable. Grand séducteur et
noceur, il ne reste de sa courte
carrière que quelques
enregistrements et trois
photographies. Mais le mystère et
le génie qui l'entourent en font un
modèle pour des générations de
musiciens.

En grands amoureux du blues et de la musique du Delta, Jean-Michel Dupont, par son écriture subtile, et Mezzo, par son graphisme puissant, signent un somptueux album comme une ode à la mémoire de ce père du blues qui a inspiré tant de grands musiciens comme Jimi Hendrix, Bob Dylan ou les Rolling Stones.
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